Sans les mineurs, pas de Potosi

Cet article a été écrit à quatre mains, la partie en italique est écrite par Indira

Nous avons bien conscience que nous allons vous présenter un reportage auquel il manque le clou du spectacle. Les mines de Potosi sans s’être engouffrées dedans … Non pas que nous ayons freiné pour des raisons déontologiques, évoquées par certains : comment aller se promener tranquillement là où tant d’hommes triment … Cela ne nous avait pas trop dérangé en croisant les mineurs de souffre du kawah ijen. Il nous avait même semblé important de connaitre les réalités du monde, la complexité du réel autrement dit. Après tout, nous sommes voyageurs, eux mineurs, et ça n’est pas en restant dans notre hôtel de toutes façons que les choses s’inverseront …
Non, là, sur ce coup, nous avons tout simplement eu la frousse. Explorer deux heures durant des couloirs souterrains glissants, sombres, très froids ou parfois très chauds, à peine assez larges pour pouvoir croiser un wagon chargé de minéraux, et creusés à coup de dynamite ne nous a pas paru engageant.

C’est donc le tour « sans les mines » que nous allons vous raconter ici.

Les mines de Potosi ont été fort bien exploitées par les Espagnols pour la premières fois. Aux premières exploitations, donc, il s’agissait surtout du haut de la montagne. Le Cerro Rico (la riche colline), ainsi est son nom, fut découvert en 1544. L’Espagne prend donc les autorités et réunit chacun des paysans pour les convertir en mineurs. Cette exploitation fit toute la richesse du pays européen. Il faut dire que la Bolivie avait le gros lot : Cerro Rico est le plus grand gisement d’argent de toute l’humanité. Au 18e siècle, Potosi devient donc la plus grosse ville d’Amérique, mais toujours au profit des espagnols. Chose qui durera encore bien longtemps puisque ce n’est qu’en 1825 que la Bolivie prend son indépendance ; après quoi l’état Bolivien exploite alors lui-même ses mines. En 1950, ceci cesse pour laisser l’exploitation des mines aux coopératives de mineurs, ainsi les mines deviennent plus privées.

Dans cette ville de Potosi, la montagne est bien haute : Le Cerro Rico monte jusqu’aux environs de 4800 mètres, le Mont Blanc finalement. Désormais les mineurs travaillent à sa base, à 4200 mètres. Avec ce travail, les mineurs gagnent 100 Bolivianos par jour, mais étant donné qu’ils ne travaillent pas tous les jours (tout dépend de leur envie, comme au Kawha Ijen), cela revient à un minimum de 2200 bolivianos par mois, soit 220€. Le salaire minimum en Bolivie étant de 1200 bolivianos, ce travail est tout de même bien payé en comparaison à d’autres.

Si nous nous sommes tant intéressés à l’histoire des mines, c’est bien parce que nous sommes allées, Athéna, maman et moi (Indira) voir à quoi elles ressemblaient. Nous sommes en revanche restées à l’extérieur, il faut croire que nous n’avions pas le courage de nous aventurer dans les méandres de ce labyrinthe sous-terrain. Accompagnées d’un guide, nous avons appris tout ce qui était nécessaire d’apprendre. Le tour a commencé par la visite du magasin de matériel mineur et de la nourriture. La coca est la seule chose qu’ils mangent une fois entrés dans les souterrains, et leur boisson est la bière. Ou le pisco, alcool à 96°, que nous avons gouté ! Mais il s’est évaporé avant d’arriver dans notre gorge… Deux choses que nous avons achetées pour pouvoir les distribuer aux mineurs. Pour travailler ils utilisent la dynamite solide qui explose au bout de trois minutes, de la poudre rose pour étendre le taux d’explosion et la mèche qui permettra d’allumer l’explosif. Ensuite nous sommes montés en bus jusqu’au lieu de travail où nous avons vu quelque mineurs qui étaient bien contents de la bière et la coca. Là-bas ils trouvent plusieurs sortes de minerais : l’argent, le bronze, le souffre (bleu cette fois-ci), le quartz le quartz blanc et le quartz chocolat, enfin, le zinc. Les entrés sont bien petites mais laissent passer tout de même les gros chariots, pesant 2 tonnes ou presque, transportant les trouvailles.

Chaque vendredi, les mineurs font des prières à Pachamama pour qu’elle puisse soutenir le dur travail des mineurs, tenir en bonne santé les mines et apporter de bonnes trouvailles en minerais. Pachamama est en fait la déesse de la terre et des récoltes, une des déesses les plus importantes de leur croyance.

Ayant visité la mine un samedi, nous n’avons croisé que peu de mineurs. Ce qui finalement n’était pas plus mal pour le reste du groupe qui est entré dans les entrailles : cela dérangeait moins certainement. Après notre visite, nous avons appris que ces tours touristiques ne profitaient pas trop aux mineurs, mais plus à la ville de Sucre, dans laquelle sont réinvestis les bénéfices des visites ! La pauvre Potosi se fait décidément encore une fois piller de son intérêt ! L’aperçu de ce lieu sans y entrer nous a finalement bien appris sur les conditions des travailleurs. Nous aurions aimé trouver une visite plus équitable, à la manière de notre séjour chez Paing, mineur au Kawah Ijen !

 

Le thé de Darjeeling

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Par ailleurs, vous pouvez aussi voir l’article de la Chaîne du cœur.
Dans la vallée de Darjeeling, nous avons découvert la plantation de Makaïbari, où nous avons trouvé bon nous installer pour une dizaine de jours. Le village proposait des homestay comme à Orchha, mais nous n’allons pas ici vous en réexpliquer le principe.

La beauté de la vallée était à la hauteur de nos espérances, et la vue des cueilleuses de thé nous plongeait directement dans un paquet de thé équitable. Toutes les plantations ne le sont pas pour autant, et nous n’avions pas choisi Makaibari par hasard.

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Reste à la maison !

Nous avons passé dix jours mémorables à Orchha. Plus exactement à Ganj, un tout petit village disposant de chambres d’hôtes chez l’habitant, et nous nous y sommes sentis comme chez nous. Ca a été l’occasion de faire notre première vidéo pour la chaine du cœur, notre site partenaire :

Allez également voir l’article écrit par la chaine du cœur !

Nous n’avons même pas vu les temples… préférant les baignades à la rivière, profiter de la vie du village, ou encore danser avec Ganesh. A chacun son voyage. Et surtout, nous réservons notre intérêt pour les temples de Khajuraho, prochaine destination.

Un ticket pour Dharavi

Cet article a été écrit à six mains. Les passages en italique sont d’Athéna et Indira.

« -3 tickets to Mahim please
-you want to go to the church?
-no, to Dharavi
-… »

Très intriguées par ce plus grand bidonville d’Inde, Athéna et Indira ne voulaient même pas mettre les pieds à Mumbai lorsque nous préparions le voyage. J’avais alors décidé au contraire que le voyage commencerait par là, et que nous irions visiter Dharavi.

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Je trouve sur internet l’agence « reality tours and travel », qui organise des visites de Dharavi en petits groupes, afin de changer l’image que l’on peut avoir d’un bidonville. Les habitants ne restent pas assis à rien faire toute la journée. Dharavi est riche d’activités commerciales et produit plus de 660 millions de dollars par an. C’est justement cette activité qui rend Dharavi si différent des autres bidonvilles. L’agence veut donc en montrer le côté positif et dynamique ; nous prenons nos tickets pour vendredi matin. Si les photos sont strictement interdites lors de ce tour, nous obtenons quand même une autorisation pour qu’Athéna et Indira puissent partager leur expérience avec leurs camarades de classe. Je dois demander l’accord de notre guide « Champ´ » (« like Champion ») avant chaque prise. Très frustrée par le nombre d’images qui m’échappent, je comprends néanmoins que j’ai obtenu une faveur exceptionnelle.

Accompagnées de trois américains, la visite commence pour deux heures. Aladin et Vénus sont restés à la maison.

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Les visites de l’agence sont pour soi-disant nous faire changer d’opinion sur les bidonvilles et en particulier Dharavi. Oui parce que nous on croyait que Dharavi était un bidonville comme les autres, avec des maisons en bidons, plastiques et ferrailles. Et bah pas du tout. Dharavi c’est plus que ça ! Ca fait depuis le 18e siècle qu’il existe. Toutes les maisons sont en béton, il y a des supermarchés, des transferts d’échantillons de plastiques partout dans le monde, des salles informatiques, du recyclage d’aluminium… Enfin bref ils ont tout quoi !

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Les bidons de peintures ou autres produits seront recyclés. Les plastiques durs arrivant ici sont transformés en granules, et revendus.

Indira poursuit l’explication :
On a commencé par visiter la partie commerciale, on a appris que des pays des quatre coins du monde envoyaient à Dharavi de vieilles pièces en plastique (ordinateurs, téléphones, télévisions, verres en plastiques usés, cadres d’écrans, etc.) que les habitants recyclent à l’aide de leurs grosses machines, pour en faire de petits bouts de plastique. Par ailleurs, les femmes sont moins bien payées que les hommes.

Les ouvriers la-bas travaillent sans aucune sécurité, ni pour les yeux, ni pour les mains… Ce qui est très dangereux. complète Athéna.dej13-tdm04-num-113

On a vu aussi des couturiers qui créaient des vêtements pour le nord de l’Inde, des personnes qui fabriquent du cuir, des potiers, des « boulangers » (ils ne font que les gâteaux secs, Khari, biscuits indiens utilisés pour le thé ou le café), des dames qui cuisinent des feuilles de Papad, c’était sympa !

Mais est venue la partie plus difficile de Dharavi : nous sommes passés dans une  »ruelle » (pour ne pas dire passage) si petite et si étroite que l’on a dû se resserrer et se baisser pour pouvoir avancer. Le monde avait l’air tout petit. Il y a avait à peine 1 m 50 de largeur de rue. Il faisait très noir et seule la lumière des maisons qui sortait par l’ouverture de la porte laissait une possibilité de voir devant soi. Les habitations faisaient à peu près dix mètres carré par étage et c’était sombre, très sombres, malgré leur électricité.
Ils ont trois heures d’eau par jour, ils doivent donc remplir des tonneaux pour tenir une journée.

Au final, les avis dans la famille sont partagés :

Papa n’avait pas voulu venir parce qu’il trouve que les gens ici sont trop exploités, et que le monde est trop inégal. Il a du mal à supporter ces injustices. C’est vrai que leur vie est vraiment difficile, ils sont très pauvres, et travaillent dans des conditions très dures.

Maman, elle, trouve ça formidable de trouver la force d’être dynamique et productif dans de telles conditions de vie. C’est pour ça qu’elle a voulu nous montrer dharavi.

Moi, Athéna, je trouve que la vie n’a pas l’air si compliquée que ça, ils ont de quoi se nourrir, de quoi boire, des véhicules, pour certains de quoi gagner de l’argent. Je ne dis pas qu’ils ont la vie en rose, simplement qu’ils ont le minimum pour vivre. Voila ce que je retiens de la visite et ce que je pense qu’est Dharavi au fond…

Moi Indira, j’ai trouvé que cette visite était géniale. D’après le guide, si on avait tout visité, ça aurait pu faire deux jours de visite, mais, ces deux heures m’ont suffit pour comprendre que ce n’était pas du tout comme je l’imaginais : je m’attendais plutôt à un gros bidon-ville avec de petits chemins, des maison en bâche, toile, et peut-être un peu en bois, toutes entassées les unes sur les autres…

Nous avons aussi appris qu’ici, les hommes gagnent au mieux 150 roupies par jour (moins de deux euros) pour douze heures de travail, et les femmes encore moins. À Dharavi, comme dans les 2000 autres bidonvilles de Mumbai, il y a un toilette public pour 1 500 habitants. 1% seulement de la population ont leurs propres toilettes, et 70% utilisent la rue, les terrains publics, les canalisations ou les tas d’ordure pour déféquer. En découlent évidemment des maladies importantes telles que la malaria, la dysenterie, le choléra ou la typhoïde. L’accès aux soins n’étant pas gratuit, il reste compliqué pour les habitants de Dharavi.

Dans cette ville de la taille de cinq cent terrains de foot, vingt fois plus dense que le reste de Mumbai, une des densités les plus élevées du monde (570 000 habitants par km2), cohabitent plus d’un million d’indiens, avec leurs différences, leurs richesses, leurs faiblesses et leurs travers, partageant une vie que l’on ne peut pas imaginer en deux heures de temps.
On ne peut pas non plus imaginer l’avenir de Dharavi. En 2004, le gouvernement a lancé un plan de réhabilitation. Il prévoyait de reconstruire des logements neufs, gratuits pour les habitants installés avant 1995, à vendre pour les nouveaux venants. Pour des raisons de corruption, et de travers humains, ce plan n’a jamais abouti. Par ailleurs, rien n’avait été envisagé pour les entreprises qui auraient dû quitter les lieux.
Une autre solution consisterait à réhabiliter Dharavi avec la participation de ses habitants, quartier par quartier. À eux alors de prendre en charge les services de collectes d’ordures, les sanitaires, etc. Rien n’est prévu à ce jour …

Notons ici que 80% des recettes des visites de « reality tour and travel » retournent à Dharavi via une ONG proposant notamment des formations à de jeunes adultes (anglais, informatique, et développement personnel).

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Dans les locaux de « Reality tour and travel », Indira et Athéna remplissent un questionnaire de satisfaction.