Un peu plus près du soleil

On nous avait bien mis en garde contre le mal des montagnes : maux de tête, œdèmes, que sais-je encore … Rien de cela, ou presque, en tout cas rien de grave. Mais un sentiment de fatigue au bout de près de deux mois d’altitude, dû bien sûr à l’essoufflement permanent, mais surtout au froid constant. Pas tant dans la journée, où tongs et t.shirt à manches courtes sortent encore parfois des bagages, lors de promenades au soleil, mais le froid permanent dans les hôtels non chauffés, où il faut jongler entre débit et température pour se réchauffer convenablement sous la douche, a eu raison de nous. Nous avons eu plaisir à frôler les 4000 mètres en permanence, mais serons bien contents de redescendre de quelques centaines, pour quelques degrés de plus !

 

Et pour des détails plus précis, nous avons flirté avec  les 4 000 mètres et admiré des paysages des plus apaisants :

dans le salar d’Uyuni

Jérômine seule s’est aventurée pour rencontrer des paysans dans la région de Sucre, et a passé deux ou trois barrières à 4 000 pour y arriver

Dans les villages Jalq’a où nous avons descendu le chemin des Incas, et dormi au cratère de Maragua

Enfin à Sajama, à quelques heures de bus de la Paz

Metraglob sur le lac Titicaca

Mais quel drôle de nom porte ce lac ! On a bien envie de rire ! Sais tu qu’en fait, dans langue Aymara que l’on parle encore dans les montagnes boliviennes, Titicaca signifie « Puma de pierre » ?! Peut être parce que sur l’Isla del Sol (l’ile du Soleil), où Metraglob est allé se promener, il y a un roc qui ressemble à un Puma… En tout cas, Metraglob a fait un beau château de pierre, à l’image de celui qu’il a découvert tout en haut de l’Isla del Sol. S’il a pu admirer le lac en montant jusqu’à 4000 mètres, les montagnes enneigées qu’il voyait au loin étaient, elle à 6 000 mètres d’altitude ! Tout cela est bien essoufflant, mais le ciel y était si bleu que ça valait vraiment le coup d’être monté tout là haut ! dej14-tdm20-num-167dej14-tdm20-num-157

Drôle de Tête et Metraglob dans l’Altiplano

Ca faisait bien longtemps que Drôle de Tête et Metraglob n’avaient pas pris de vacances tous les deux ! Alors ici, dans l’Altiplano de Bolivie, ils pensaient que c’était une bonne idée de prendre un peu de bon temps à 4000 mètres d’altitude. Seulement voilà, quand ils ont voulu se baigner en repensant à la piscine de Bali, l’eau était vraiment trop chaude ! Et oui, dans cette région pleine de volcans, les geysers sont nombreux, mais impossible de s’y baigner… Ils sont donc descendus un peu plus bas dans la rivière pour se tremper les pieds dans une eau d’une tiédeur parfaite !dej14-tdm19-num-71dej14-tdm19-num-62

Leurs ancêtres de Tiwanaku

Cet article a été écrit à quatre mains. La partie en italique est rédigée par Athéna.

La Bolivie est pour nous l’occasion de bien des découvertes et des questionnements. C’est le premier pays d’Amérique latine où nous rencontrons une population indigène si présente ! Evo Morales, premier président d’origine indigène développe d’ailleurs beaucoup les droits de ces populations, n’en déplaise à certains … Nos réflexions sur la colonisation vont donc bon train : pourquoi sent on si peu de descendance espagnole ou européenne aujourd’hui en Bolivie, par rapport à l’Argentine par exemple ?
Nous avons vu à Potosi comment l’Espagne a pillé la montagne d’argent et construit sa richesse ici même. Nous découvrons maintenant à Tiwanaku une civilisation fort instruite et savante qui vécu là avant, et bien plus longtemps que les Incas.

HISTOIRE

Le peuple de Tiwanaku (ou Ti-oua-na-kou) a vécu dans une période pré-inca. Ils sont une des civilisations qui a vécu le plus longtemps dans l’histoire de l’Amérique, bien plus que les Incas. En effet, on sait que ce peuple a eu près de 3000 ans d’existence, soit de 1500 avant notre ère jusqu’à + 1200. On sait aussi de Tiwanaku, d’après des recherches scientifiques et archéologiques, qu’ils étaient très avancés. On les disait des savants pour leurs nombreux savoirs et manière de faire. Ils pénétraient dans la science de l’astrologie et connaissaient bien ce domaine. Des bassins d’eau reflétant le ciel leur permettait d’observer les étoiles nettement s’il n’y avait pas de mouvement et sans avoir la tête en l’air, pour ainsi pouvoir les étudier dans une pratique plus aisée et pendant plus longtemps. En 1500 avant l’an zéro, ils utilisaient particulièrement bien les métaux, et l’agriculture faisait partie de leur quotidien grâce à l’eau qu’ils parvenaient à gérer pour les cultures, dans cette saison où les pluies sont inégales pendant l’année…

NOTRE VISITE

Grâce à notre fabuleux guide, attrayant et très compétant, qui s’est mis en quatre pour nous expliquer ce lieu plein de richesses et qui faisait de son mieux pour que nous puissions comprendre son espagnol, nous avons pu imaginer leur mode de vie, et voir des choses fascinantes.
En premier lieu, nous sommes entrés dans un musée que nous croyions rempli d’objets retrouvés enfoui dans la terre, mais à notre grande surprise, il n’y avait qu’une seule chose, ou deux, mais qui valent largement plus que ce à quoi nous nous attendions. Entrés dans la première pièce, nous nous retrouvions face à une porte plutôt étrange, simplement dressée verticalement, sans aucun ornement, ou alors, effacés par le temps. Notre guide nous expliquait que cette porte n’était autre que la porte des étoiles, sœur de deux autres : la Porte du Soleil et la porte de la Lune. Nous la surnommions la Stargate et étions contents de pouvoir passer à travers sous le flash d’une photo.

La porte des étoiles

La porte des étoiles

En second et dernier lieu, nous entrions dans une salle on ne peut plus sombre, éclairée seulement par quelques lumières installées au sol. Au centre, régnait une statue de 10 mètres, dont 3 étaient enfouis sous terre, attirant instantanément notre regard, nous voyions des décorations que nous avons retrouvées de part et d’autre du site, mais surtout : les deux mains gauches. Non pas deux d’un même côté, mais le pouce du même côté. Ces mains marquèrent une pause dans notre visite, cette statue se révélait être un monolithe (taillée dans une seule pierre), et nous l’avons retrouvée bien des fois dans notre visite de Tiwanaku.

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Vint ensuite un second musée, qui lui, correspondait largement au genre de musée que nous nous attendions à visiter. Non pas que le premier musée était ennuyeux, bien au contraire, mais composé d’une porte et d’une statue (certes plus qu’incroyables), nous restions sur notre faim. Dans ce second musée, nous nous faisions un plaisir de visiter les poteries à travers les âges de Tiwanaku. À notre grande surprise, nous pûmes même tomber sur des présentoirs de poteries Incas, on ne savait pas vraiment ce que ces pots et œuvres faisaient ici mais étions très contents de pouvoir faire la comparaison entre ces deux civilisations et leurs poteries. Trônait au centre de la dernière pièce du musée, une momie, bien après les momies égyptiennes selon notre guide. Cette momie avait le corps étrangement court. Enveloppée dans un cocon en paille tressée, nous ne pouvions pas bien voir dans quelle position était le squelette. Nous faisant une drôle illustration – les genoux et le front dans son pull – notre guide nous fit comprendre que les momies du peuple de Tiwanaku avaient en réalité, les mains entourant leur genoux, et étaient en position assise. Un peu plus tard, dans la visite, Freddy – le guide -, nous expliquait que la posture des momies était due au fait que cette civilisation croyait à la renaissance, une fois la mort passée, et les mettait ainsi dans la position dans laquelle sont les bébés dans le ventre de leur mère.

Notre guide se met en quatre pour nous expliquer les momies

Notre guide se met en quatre pour nous expliquer les momies


Nous marchions ensuite dans un chemin sinueux qui nous menait à un temple en ruine, où l’on pouvait observer la différence entre les constructions de Tiwanaku et celles refaites par les équipes du site pour au moins maintenir la moindre des apparences de ce vieux temple. À notre très grand étonnement, nous pûmes observer les côtés très droitement taillés des pierres antiques. Plus plates et perpendiculaires entre elles que les briques récentes, on se demandait à maintes et maintes reprises à quels outils miraculeux ces hommes avaient recours pour tailler d’aussi droites pierres.

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Continuait ensuite notre visite vers une des trois portes sœurs. S’il y avait une horde de touristes regroupés autour de la Porte du Soleil, nous pûmes tout de même observer les magnifiques décors gravés dans la pierre de ce portail. Quinze condors du Soleil à gauche et quinze guerriers du Soleil à droite de l’ouverture de la porte, on n’a jamais vraiment su à quoi correspondaient ces 30 petits dessins répétitifs, mis à part le fait que ces gravures sont magnifiques. Si la Porte du Soleil est un simple arc dressé verticalement, on était contents d’apprendre néanmoins que ce portail était d’une grande utilité dans l’agriculture de la civilisation de Tiwanaku. En effet, c’est sur le chemin du retour que Freddy nous fit une illustration de l’utilité de la Porte du Soleil, qui est en fait, un cadran agricol. Grâce à quelques santons disposés dans le sable, par le guide, et son miraculeux miroir de poche qui reflétait un rayon de soleil sur son installation, nous pûmes deviner que selon l’emplacement de l’ombre sur la porte, les Hommes de Tiwanaku s’informaient de l’avancement de leurs cultures.

La porte du soleil

La porte du soleil

Sur le chemin du retour, Freddy nous contait gentiment le mode de vie de ce peuple. Dont la réponse à la question « Qu’est-ce qu’une famille typique ? ». Nous en étions fascinés. Oui parce que ce n’est pas juste un père, une mère et un fils. Non. À Tiwanaku, c’est un père, une mère et trois enfants, qu’ils soient fils ou fille. À la naissance d’un des enfants, très généralement à la naissance du troisième, les mères avaient un moyen de contraception étrangement simple et efficace. Un jus d’orties, qui n’est buvable qu’à l’accouchement et qui permet de ne pas tomber enceinte durant les cinq prochaines années.

Aussi, le guide nous disait que les Hommes de Tiwanaku croyaient en des Dieux qui, selon eux, offraient ce que désiraient les Hommes si leur prière étaient ponctuées par un sacrifice humain. Si les récoltes n’étaient pas bonnes, si la saison était défavorable aux cultures, si la guerre faisait rage ou que sais-je encore, la population de Tiwanaku tuait un humain de leur civilisation pour l’offrir aux Dieux et satisfaire leur faim.

Enfin, avant de remonter dans le bus, Freddy terminait son récit avec le solstice du 21 juin. Mais qu’est-ce que ce solstice ? Un jour bien important dans l’année du peuple. Il marque la fin de la saison agricole et permet ainsi à Tiwanaku de prier pour la prochaine et ainsi récolter des cultures suffisantes aux besoins du peuple. Le 21 juin est sans doute le jour le plus important. Il est d’ailleurs encore célébré aujourd’hui sur le site, en ruine.

Au centre du temple, notre guide nous aide à comprendre l'énergie du soleil

Au centre du temple, notre guide nous aide à comprendre l’énergie du soleil

Après avoir découvert cette civilisation pré-incas, nous sommes maintenant éveillés et encore plus curieux d’aller découvrir la civilisation incas que nous découvrirons certainement dans notre prochain pays, le Pérou.

Sans les mineurs, pas de Potosi

Cet article a été écrit à quatre mains, la partie en italique est écrite par Indira

Nous avons bien conscience que nous allons vous présenter un reportage auquel il manque le clou du spectacle. Les mines de Potosi sans s’être engouffrées dedans … Non pas que nous ayons freiné pour des raisons déontologiques, évoquées par certains : comment aller se promener tranquillement là où tant d’hommes triment … Cela ne nous avait pas trop dérangé en croisant les mineurs de souffre du kawah ijen. Il nous avait même semblé important de connaitre les réalités du monde, la complexité du réel autrement dit. Après tout, nous sommes voyageurs, eux mineurs, et ça n’est pas en restant dans notre hôtel de toutes façons que les choses s’inverseront …
Non, là, sur ce coup, nous avons tout simplement eu la frousse. Explorer deux heures durant des couloirs souterrains glissants, sombres, très froids ou parfois très chauds, à peine assez larges pour pouvoir croiser un wagon chargé de minéraux, et creusés à coup de dynamite ne nous a pas paru engageant.

C’est donc le tour « sans les mines » que nous allons vous raconter ici.

Les mines de Potosi ont été fort bien exploitées par les Espagnols pour la premières fois. Aux premières exploitations, donc, il s’agissait surtout du haut de la montagne. Le Cerro Rico (la riche colline), ainsi est son nom, fut découvert en 1544. L’Espagne prend donc les autorités et réunit chacun des paysans pour les convertir en mineurs. Cette exploitation fit toute la richesse du pays européen. Il faut dire que la Bolivie avait le gros lot : Cerro Rico est le plus grand gisement d’argent de toute l’humanité. Au 18e siècle, Potosi devient donc la plus grosse ville d’Amérique, mais toujours au profit des espagnols. Chose qui durera encore bien longtemps puisque ce n’est qu’en 1825 que la Bolivie prend son indépendance ; après quoi l’état Bolivien exploite alors lui-même ses mines. En 1950, ceci cesse pour laisser l’exploitation des mines aux coopératives de mineurs, ainsi les mines deviennent plus privées.

Dans cette ville de Potosi, la montagne est bien haute : Le Cerro Rico monte jusqu’aux environs de 4800 mètres, le Mont Blanc finalement. Désormais les mineurs travaillent à sa base, à 4200 mètres. Avec ce travail, les mineurs gagnent 100 Bolivianos par jour, mais étant donné qu’ils ne travaillent pas tous les jours (tout dépend de leur envie, comme au Kawha Ijen), cela revient à un minimum de 2200 bolivianos par mois, soit 220€. Le salaire minimum en Bolivie étant de 1200 bolivianos, ce travail est tout de même bien payé en comparaison à d’autres.

Si nous nous sommes tant intéressés à l’histoire des mines, c’est bien parce que nous sommes allées, Athéna, maman et moi (Indira) voir à quoi elles ressemblaient. Nous sommes en revanche restées à l’extérieur, il faut croire que nous n’avions pas le courage de nous aventurer dans les méandres de ce labyrinthe sous-terrain. Accompagnées d’un guide, nous avons appris tout ce qui était nécessaire d’apprendre. Le tour a commencé par la visite du magasin de matériel mineur et de la nourriture. La coca est la seule chose qu’ils mangent une fois entrés dans les souterrains, et leur boisson est la bière. Ou le pisco, alcool à 96°, que nous avons gouté ! Mais il s’est évaporé avant d’arriver dans notre gorge… Deux choses que nous avons achetées pour pouvoir les distribuer aux mineurs. Pour travailler ils utilisent la dynamite solide qui explose au bout de trois minutes, de la poudre rose pour étendre le taux d’explosion et la mèche qui permettra d’allumer l’explosif. Ensuite nous sommes montés en bus jusqu’au lieu de travail où nous avons vu quelque mineurs qui étaient bien contents de la bière et la coca. Là-bas ils trouvent plusieurs sortes de minerais : l’argent, le bronze, le souffre (bleu cette fois-ci), le quartz le quartz blanc et le quartz chocolat, enfin, le zinc. Les entrés sont bien petites mais laissent passer tout de même les gros chariots, pesant 2 tonnes ou presque, transportant les trouvailles.

Chaque vendredi, les mineurs font des prières à Pachamama pour qu’elle puisse soutenir le dur travail des mineurs, tenir en bonne santé les mines et apporter de bonnes trouvailles en minerais. Pachamama est en fait la déesse de la terre et des récoltes, une des déesses les plus importantes de leur croyance.

Ayant visité la mine un samedi, nous n’avons croisé que peu de mineurs. Ce qui finalement n’était pas plus mal pour le reste du groupe qui est entré dans les entrailles : cela dérangeait moins certainement. Après notre visite, nous avons appris que ces tours touristiques ne profitaient pas trop aux mineurs, mais plus à la ville de Sucre, dans laquelle sont réinvestis les bénéfices des visites ! La pauvre Potosi se fait décidément encore une fois piller de son intérêt ! L’aperçu de ce lieu sans y entrer nous a finalement bien appris sur les conditions des travailleurs. Nous aurions aimé trouver une visite plus équitable, à la manière de notre séjour chez Paing, mineur au Kawah Ijen !

 

On arrive en Bolivie !!!

Nous attendons la Bolivie avec impatience ! Non seulement parce que c’est le pays le moins cher de l’Amérique du sud, ce qui fera vraiment du bien à notre budget (sans pour autant atteindre le record de l’Iinde) mais aussi pare que, sans le savoir, c’est le rêve de Jéromine. Jéromine rêve d’aller au Pérou depuis son enfance, mais en voyageant ici, tout le monde lui dit qu’elle trouvera en Bolivie ce qu’elle attend :
Une culture andine des plus dépaysante : hauts plateaux, culture indigène et traditionnelle encore très présente. Les femmes en chapeau melon couvrant deux longues tresses, jupes plissées sur collants bien chauds, emmitouflées dans un tissu coloré et menant un troupeau de lamas, ne font pas exception. Nous imaginons les lamas se promenant sur des prairies vertes contrastant avec des paysages désertiques de par leur altitude.

C’est en effet un pays très haut (on est constamment entre le Pic du Midi et le Mont Blanc, et on frôle aisément les 6 000). Nous espérons ne pas être gênés par le mal des montagnes, mais nous avons surtout peur d’avoir froid, et avons dévalisé San Pedro de Atacama de ses pulls chaussettes et blousons en laine de lama… produits en Bolivie… Mais il fallait bien s’équiper avant d’y arriver. Nous ne trouverons pas la mer en Bolivie, mais le lac titicaca, le plus grand lac d’altitude du monde.

Pour une fois, et sans savoir pourquoi, nous connaissons le nom du président: Evo Morales. Défenseur des droits des indigènes, il promet également de s’occuper du trafique de cocaïne dans son pays. Sans pour autant arrêter la culture de la coca, feuille mâchée traditionnellement pour se donner du tonus, et résister justement aux problèmes liés à l’altitude.