Une belle rencontre, surprenante et inattendue !

Rafael travaille à Agrobosque, une association de l’Amazonie péruvienne, qui développe un projet de plantation de cacao, en alternative aux mines d’or, de plus en plus difficiles dans la région. Lui s’occupe du volet social, et de la prévention de la violence en tous genres auprès des enfants. Mais ça n’est pas exactement de lui dont je veux parler. Rafael et sa femme Dolores ont une fille de six ans, Grecia. Lorsque Rafael m’a demandé d’être sa marraine, j’ai mis un peu de temps à comprendre, à cause de mon espagnol encore balbutiant … Mais j’ai été très touchée, puisque jamais personne ne me l’avait demandé ! « Vous êtes un couple d’artistes, vous avez l’esprit ouvert, et cela nous plait bien » m’expliqua Rafael. Ça n’est que l’avant veille du baptême que je compris qu’ils souhaitaient également qu’Aladin soit le parrain !
La cérémonie eut lieu la veille de notre départ, fêtée joyeusement en pleine forêt Amazonienne lors d’une journée émouvante et mémorable !

Il fallait bien que j’aille à Madre de Dios pour devenir madrina de dios !

Les couloirs parallèles de Madre de Dios

La plus part des voyageurs viennent à Puerto Maldonado y passer trois jours pour profiter de cette porte d’entrée dans la forêt amazonienne. C’est vrai qu’elle est belle, facile d’accès à partir du moment où on a un bon guide, riche et pleine de ressources. On peut y faire des promenades sur la canopée, on y entre par une virée en pirogue, on y visite des communautés natives, on y dort dans des beaux lodges, on y découvre les richesses des plantes pharmaceutiques qui nous ouvrent les yeux sur les ressources vitales de cette forêt, on y teste d’ailleurs l’ayahuasca accompagné par un chamane, pour les plus téméraires. Le corridor touristique de Madre de Dios a tout pour plaire, et nous l’avons testé, apprécié, validé (bien que nous commencions sérieusement à savourer de moins en moins les couloirs à touristes, même si celui-ci n’atteint pas encore le niveau d’une autoroute).

Nous avons eu la chance de rester deux semaines à Puerto, et de connaitre un autre couloir. Celui-ci ne croise pas celui des touristes. C’est le couloir complexe des chercheurs d’or. Trafic humain, pauvreté, déforestation, pollution au mercure : dans un autre registre, tout y est également. Et pourtant, les communautés natives s’y accrochent : depuis toujours, elles ont l’habitude d’y puiser leurs revenus, en agglomérant les fines paillettes d’or à coup de mercure. Et qu’importe si le gouvernement tente de les y empêcher en dynamitant leur matériel, en leur interdisant d’acheter du carburant, ou de chercher dans le lit de la rivière. Leur seul espoir de revenu se trouve maintenant dans les profondeurs des sols, à coup de forte déforestation impressionnante…

Leur seul espoir ? Non finalement. Car l’ONG Terre des Hommes Suisse, en partenariat avec les acteurs locaux d’Agrobosque développe une source de revenus alternative avec l’implantation de cacao. Ce programme a pour ambition de trouver un marché d’exportation du cacao d’ici trois ou quatre ans, le temps que les premiers plans donnent leurs premiers fruits. Ce sont à ce jour une bonne trentaine de sociétaires membres de la coopérative qui peuvent planter chaque année un hectare de cacao, et reprendre ainsi espoir sur un développement durable de leur région, en trouvant une source de revenus plus fiable.