Cet article est dédicacé à Corinne, qui voulait en savoir plus…
Vous comprendrez assez aisément que cet article soit sans photo ni vidéo. Nous ne sommes en effet pas assez pro pour nous occuper des images dans les moments les plus pénibles …
Il a en revanche été écrit a huit mains, les parties en italique étant de Athena et Indira, le reste, des parents.
Suite à une demande formulée sur un message du blog, il faut qu’on vous dise … Tout n’est pas toujours très rose pendant le voyage …
Jérômine tout d’abord a la charge du budget, et depuis l’arrivée en Amérique du Sud, ça n’est pas chose aisée. Aussi est elle saoulée quand Aladin boit plusieurs bières par jour, choisit toujours des repas à la carte, ou s’achète des tshirt souvenirs à chaque ville. Bon, encore pour les souvenirs, elle se dit qu’au moins au retour elle sera bien contente de les avoir … Or Aladin pensait avoir un petit pécule mensuel cette année, mais ne l’ayant pas obtenu, il a dû se plier à la gestion jerominienne qu’il qualifie de très efficace-couilles, et qui bien souvent le frustre. Or si Aladin apprend beaucoup à gérer ses frustrations pendant le voyage, il aurait été plus confortable qu’il apprenne à vraiment les gérer avant de partir. Économiser sur les places de bus pour Vénus n’est pas non plus toujours une solution, parce que se farcir une bonne dizaine d’heure Vénus sur les genoux n’est pas le mieux pour se retrouver de bonne humeur.Les bus justement … Motif de grande mauvaise humeur chez Aladin. D’une part parce qu’il ne peut pas fumer, et d’autre part, parce qu’une seule personne est aux commandes d’un collectif. Or dans des voyages de 12 heures il paraît peu probable que tout se passe bien : par exemple la plupart des routes sont semées de reliefs, nids de poule, facteurs de probabilité d’accidents, stress difficilement gérable pour un fumeur sans cigarettes. Cela dit, grand respect à tous nos chauffeurs car tout s’est bien passé. Spéciale dédicace aux chauffeurs du plus long trajet : Laos Cambodge, qui nous ont rallongé le voyage de 10 heures (soit le double de la durée prévue), mais qui aurait pu être encore plus long sans leur savoir faire de mécanicien.
Dans les humeurs d’Aladin, il y a aussi les menaces à plusieurs reprises de tout plaquer en plantant là le reste de la famille. Une fois notamment à Malang en Indonésie, et là ça paraissait vraiment sérieux. Tout ça parce que Jérômine n’avait pas apprécié la correction qu’il avait apportée au montage vidéo en cours. Elle n’avait surtout pas demandé qu’il modifie quoique ce soit ! Depuis, chacun fait ses vidéos, et ça se passe beaucoup mieux. La dernière menace remonte à quelques semaines à peine. En pleine altitude, à Sajama, Aladin en avait marre d’avoir froid, de mal manger, et, cerise sur le gâteau, ses hélices non calibrées faisaient trembler ses images. Et quand le drone ne va pas, rien ne va… Il a voulu partir voir son vieux pote à Lima pensant que ça arrangerait tout, mais a fini par se raisonner. Le temps est loin d’ailleurs du premier vol en avion où Aladin a vraiment eu du mal à se contrôler en voyant sa bouteille de whisky partir à la poubelle à Dubaï. Et là il est temps de vous dire que Jérômine n’en menait pas large, et se demandait vraiment dans quelle mauvaise aventure elle s’était fourrée. Sentiment qui dura jusqu’aux premiers temps en Inde, où l’acclimatation n’était pas gagnée d’avance pour le reste de la famille …
Vénus, elle, ne veut jamais dormir, et il faut l’occuper en permanence. Ce qui n’est pas facile quand Aladin chante, Jérômine fait un montage, Athéna et Indira du cned. Du coup elle demande quand même assez souvent à rentrer à Bagnolet, et nous on fait la sourde oreille.
Athéna et Indira ont pour principal défaut de passer leurs journées sur le cned. On les soupçonne de préférer rester enfermées dans la chambre d’hôtel sur un ordinateur plutôt que d’aller se balader … Ça a donc tendance à finir par nous énerver, mais c’est assez délicat de leur reprocher d’étudier de manière autonome … Athéna dort souvent jusqu’à 11h, et on ne sait plus quelle attitude adopter pour la réveiller…
Il y a aussi les moments difficiles pour tout le monde en même temps. Par exemple quand le bus est parti sans Aladin, Jérômine et Vénus, emportant Athéna Indira et tous les bagages vers Arequipa. Jéromine était en train d’acheter des sandwichs avec vénus, et Aladin courait dans toute la gare pour la prévenir que le bus était parti. Là c’était vraiment la panique, voire même le drame. On a réussi finalement à le rattraper de l’autre côté du pâté de maison, et on a retrouvé Athena et Indira profondément endormies qui heureusement ne s’étaient aperçu de rien. Les chauffeurs, hilares se sont vite calmés en voyant nos têtes …
De même à Paksong au Laos, une fois les trois filles installées dans un tuk tuk collectif avec tous les bagages, Jérômine fut prise d’un dilemme lorsqu’elle le vit démarrer alors qu’Aladin attendait cent mètres plus loin, derrière. Devait elle suivre le tuk tuk avec son scooter, ou aller prévenir Aladin qu’il fallait partir. Le choix fut vite fait, mais l’heure de route se fit dans l’angoisse pour savoir où et comment Aladin retrouverait le reste de la famille. Ce n’est que trois heures plus tard que tout le monde se retrouva plus ou moins par hasard au milieu de la gare routière bondée de Pakse. Et là on se dit qu’on est vraiment inconscients de ne pas se donner de lieu de rendez vous précis, ou de ne pas utiliser les puces de portables locales. Mais pourtant, on continue comme ça …
À propos de puce, les blocages inopinés et aléatoires de la carte bleue sont aussi des facteurs de stress. Après avoir sollicité quelques bons amis ou frères pour appeler la banque en urgence, nous avons trouvé la solution en envoyant un mail au banquier, qui débloque le tout en moins de deux. Sauf si on est samedi ou dimanche, c’est un peu le risque de la roulette russe. Quand la carte ne marche plus, Jéromine est d’une humeur de chien, et tout le monde file doux…
Le passage du lac Titicaca a aussi été éprouvant. Cinq heures d’attente pour que l’ouragan se calme afin de pouvoir prendre le bac. Mais là, même sans tempête, nous n’en menions pas large. Le kilomètre à traverser sur une petite barque de fortune à se demander comment le bus n’en basculerait pas nous a semblé durer une éternité.
Dans ces cas de figure, pas d’engueulades : on sert les coudes, les fesses, les dents, et on est bien contents quand l’aventure se termine bien !
Mais après la traversée du lac Titicaca, lorsqu’on arriva à minuit et demi à Copacabana, dans un froid d’altitude et d’hiver austral, et sans hôtel, on ne se serrait plus les coudes. Aladin hurlait parce qu’il avait froid, et Jéromine lui rejetait toutes les fautes se demandant pourquoi il avait décidé de quitter la Paz le matin même, sur un coup de tête, juste parce qu’il en avait marre de l’altitude et de la pollution, mais sans rien préparer de la suite … Indira calmait Aladin en gardant avec lui sur la place déserte les innombrables valises qu’on en a tous marre de se trimbaler, tandis que Vénus et Athéna accompagnaient leur mère dans la quête d’un hôtel … Ambiance …
(Indira)
Depuis presque 10 mois maintenant nous voyageons ensemble, tous les cinq. Et pour l’instant il n’y a eu ni volonté de rentrer après des querelles à s’en tirer les cheveux (quoique c’est mitigé chez Papa…) et ni de volonté de prolonger le voyage après des épanouissements autour du monde (quoique Maman réfléchit…). MAIS, mais, il y a tout de même des malentendus, et notamment entre Papa et Maman qui se chamaillent à longueur de journée pour des histoires de budget dépassé ou de galère de transit en bus boliviens qui laissent passer la poussière dans les yeux. Bref ! Il y a des manques de patience, et nous ça ne nous réjouit pas vraiment pour plusieurs raisons :
Que voilà une bien mauvaise ambiance au sein de la famille.
Le Cned devient un vrai calvaire lorsqu’il est fait dans la mauvaise humeur, et que maman nous met un stress, ce qui nous rend la tâche encore plus difficile.
Les chansons de papa deviennent pessimistes puisqu’il est aussi de mauvaise humeur.
Au final, tout revient à l’humeur, mais elle n’est pas très stable dans cette famille, il suffit d’un détail désagréable pour que la journée soit gâchée. En même temps nous ne sommes pas tout à fait innocentes mais ça, ce n’est pas à moi de vous le décrire.
Deuxième chose tout à fait exaspérante : Les restos trois fois par jours. Je ne disais pas ça avant de partir mais voilà dix mois que nous mangeons au restaurant et devoir attendre près de trois quarts d’heure pour avoir son entrée, puis une demi-heure de plus pour manger son plat, et puis un quart d’heure enfin pour pouvoir avoir l’addition. Je trouve ça lassant et inutile, au final ça revient presque à plus cher, donc le restaurant est une chose que je vais oublier longtemps une fois revenue en France.
Encore une chose qui me répugne depuis que je suis en voyage : les plages. Le sable sec et piquant vient vous coller à la peau tandis qu’à chaque tentative de plongée vous voilà la bouche remplie d’eau amèrement salée et les yeux rouges comme sang. Puis vient l’heure où vous devez vous sécher, habiller, dessaler – si l’on peut appeler ça comme ça. Depuis que je suis en voyage il est compliqué d’accepter la plage, qui revient souvent étant donné le nombre de mer que nous traversons.
Avec un père aux gouts de luxe, une mère assoiffée d’aventure et une petite sœur qui ne perd de son dynamisme que lorsqu’elle le décide, il est difficile d’éviter les querelles, les restaurants ou les plages, et mon avis n’est jamais le plus important au sein de cette famille.
(Athéna)
Comme nous le contait très aimablement Jérômine, quelques lignes plus haut, un des problèmes qui nous cause le plus de tensions, à Indira et moi, est le sommeil. En effet, sous prétexte que le paysage est magnifique, on n’a pas le droit de fermer l’œil dans un bus, alors que ça nous permettrait pourtant de ne pas demander toutes les cinq minutes si le trajet est bientôt terminé. Certes, ce que l’on voit au travers de la vitre pendant un trajet est incroyable, mais pas au point de s’attirer les terribles foudres des parents parce que l’on a osé prendre du plaisir à nous reposer. C’est une des premières choses qui nous agace le plus, chez papa et maman. Mais ça n’est pas tout. Il y a aussi le problème des chambres : une matrimoniale avec un petit lit pour Vénus pour les parents, et une chambre avec deux lits simples pour nous. Soit, nous prenons la seconde. Mais quand ils osent glisser Vénus dans notre chambre, le soir, sous prétexte qu’elle préfère la chaleur de l’étage, alors qu’ils ont un lit pour elle seule, au rez-de-chaussé et que nous n’en avons pas, j’ai tendance à m’énerver rapidement. Et le comble est très certainement lorsqu’à nouveau, on se fait engueuler parce qu’on a dormi jusqu’à midi à cause de Vénus qui s’est très gentiment donné la peine de nous réveiller à maintes reprises alors que nous trônions dans nos rêves les plus profonds. Ils ont tellement pris l’habitude de ne plus dormir avec une fille de quatre ans qui veut aller aux toilettes, qui veut boire, qui veut regarder un film, qui veut plus de couvertures, ou dormir avec nous – et tout ça pendant la nuit -, qu’ils semblent oublier les insomnies qu’il est fréquent d’avoir avec ce genre d’enfant.
Si je ne dis pas plus de choses, ça n’est certainement pas parce que je n’ai plus rien à dire – détrompez-vous de suite – mais plutôt que je n’ai pas envie de répéter les aimables écrits de ma très chère et aimée sœur.
Bon voilà, c’est vraiment parce que vous nous l’avez demandé … On a respecté l’angle du sujet … Vous nous verrez sûrement d’un autre œil maintenant : plus humains, moins super héros probablement … Mais au final, on arrive bien à rigoler de tous nos travers, et c’est bien ça le principal !
Ah,vu comme ça le voyage devient moins carte postale! Je m’en doutais, mais vivre tous les cinq, 24h sur 24h ensemble n’est pas évident,et avec en plus tous les aléas du voyage,vous vous en sortez en fait, pas mal.
Et votre dernière phrase dit tout, en plus d’avoir bien voulu décrire tous les quatre vos difficultés :
»Mais au final, on arrive bien à rigoler de tous nos travers, et c’est bien ça le principal ! »
Le principal, vraiment, comme vous le dites, et votre voyage,nous paraitra, en fait ,encore plus beau !
Ouf ! Vous êtes tout simplement …. humains !!!
Votre article fait du bien 😉
Tout comme on chante « la misère est plus belle au soleil « , Est-ce que l’engueulade est plus drôle au soleil ???? »
Toujours de grosses bises à vous 5… et pourvu que les hélices du drone tiennent et ne tremblent pas 🙂
Pierre G
Oui pierrot, assurément l’engueulade est plus drôle au soleil ! On est en train d’étudier la recette pour continuer à prendre tout cela aussi sereinement à notre retour !
Bon les jumelles, vous ne voulez pas une autre petite sœur, c’est tout.
Mais si, au contraire, on aurait tous été plus tranquilles avec une jumelle pour Vénus !
Tu n’es jamais fatiguée? Nous on finit de savourer la « semaine des 5eme en Ardèche ». C’est calme ici.
Chez nous aussi, le budget est au coeur de la plupart des crises. Le sommeil aussi. Et puis au final c’est tellement bien, on est tellement bien ensemble, qu’on continue, même si on crie dès le lendemain matin 😉
Bonne continuation
Oui, je crois qu’en cela on n’a rien de très original ! Et puis « plaie d’argent n’est pas mortelle », alors on est toujours là ! 😉
J’ai bien ri !
Mais je dois dire que, même avant de lire cet article, on vous a souvent imaginé dans vos petites chambres d’hôtels, en se rappelant d’une nuit dans une gite breton où Venus avait décidé de ne jamais dormir.
Bravo, en tout cas à Athéna et Indira, qui profite de leur belle syntaxe pour passer les messages.
Et vive les gros dormeurs…
Elles profiTENT, non seulement de leur syntaxe… mais aussi de leur grammaire, bien meilleure que la mienne !
Quel style, quelle franchise, quel réalisme…! On vous envie toujours autant. Je me rappellerai longtemps l’accent de Venus : » je voudrais partir à Fontainebleau avec Grand’Mere … » . La coupe était pleine, et pas pour la dernière fois. Hanacpachap .
Ah vous aussi vous avez rédigé une page comme nos ‘couilles et emmerdes’. D’ailleurs comme vous, on a eu notre épisode 2 taxis et ‘se retrouvera t on’ à destination. Pour les puces par contre, on en prend assez souvent une ou plutôt une par adulte. Plus facile de se séparer et mieux se retrouver. En Bolivie, on avait même mis notre numero de telephone dans le porte monnaie qu’Hombeline prenait systematiquement pour pouvoir acheter des bonbons. On se disait que si elle se perdait, elle pourrait au moins présenter notre numero de telephone.
Continuez, on vous suit, que ce soit du côté rose ou gris du voyage.