Cet article est écrit à six mains
Depuis longtemps, on connaissait Greenwich et son méridien du degré zéro. Nous avions pris un séjour de cinq jours à Londres dans le but de visiter les studios de la Warner Bros où a été filmée la célèbre saga Harry Potter. Mais changement de programme, il n’y avait plus de places, bien que pendant de longs mois nous harcelions maman pour qu’elle réserve trois places. Bref, au lieu de ça nous nous sommes tout de même bien régalées et avons opté pour l’excursion à Greenwich. Mettre le pied sur la ligne du méridien tracée, visiter l’observatoire ou encore regarder à travers d’un télescope nous paraissaient autant d’activités appropriées pour boucler notre tour de la terre. Nous n’avons pas vu l’équateur, mais nous ne raterons pas celui qui sépare les hémisphères est et ouest. Nous avons donc quitté l’hôtel pour rejoindre la banlieue londonienne en flottant sur la surface de la tamise. Le bateau relativement rapide nous y déposa, et maman était ravie de retrouver une ambiance qui lui rappelait Bangkok, une croisière au cœur de la ville. 
Là-bas, nous avons slalomé entre intérieur et extérieur, traversant d’abord le parc qui couronne l’observatoire.

Ensuite, nous sommes entrées par la porte principale, payant un audioguide français en cherchant à chaque buisson la potentielle matérialisation du « prime meridian ». En traversant les couloirs de l’observatoire, nous y avons appris bien des choses (qu’Indira vous racontera plus bas) ou découvert des œuvres d’art sur le thème du planétarium, et du système solaire. Mais avant cela, Maman nous fit part d’une chose dont elle avait entendu le mérite par le bouche-à-oreille, la red ball, et non pas redbull, comme nous l’aurions pu croire en entendant parler Maman anglais. Elle s’appelle en réalité la Time Ball. Il paraissait donc qu’elle descendait brutalement dès 13 heures sonnées, servant de repère de temps aux marins passant par le port de Londres. Arrivées, haletant ayant eu trop peur de rater le coche, nous nous ajoutions à la foule de monde et observions monter la boule du temps pendant les deux minutes précédant une heure de l’après-midi. Super, elle dû donc tomber en une seconde. On pouvait d’ailleurs y voir un sacré nombre de creux et de bosses. Car selon l’audioguide, c’est lors de la rénovation de l’observatoire que des ouvriers auraient joué avec cette boule d’aluminium et l’auraient sacrément abîmée… Passons.

Il nous fallut donc inévitablement appuyer sur le déclencheur du D800 de maman lorsque nos pieds seraient sur le méridien. Idée basique, certes, mais ce n’est que la suite qui nous sidéra. En effet, trois quart d’heure à une heure entière de queue pour prendre une modeste photo sur une ridicule ligne au sol. Nous étions étonnées de la courte longueur de ce méridien matérialisé. « Ils auraient pu la faire traverser le parc » nous disions nous alors en voyant les six mètres maximales du « prime meridian ». Photos prises et poses réussies, il ne nous manquait plus que de courir au métro pour arriver à l’heure chez les amis où nous avions laissé Vénus, bien plus intéressée par son amie bagnoleto-londonienne que par un méridien abstrait, tout matérialisé soit il.
Il y a un peu plus de trois cents ans, quand les navigateurs et explorateurs partaient à leurs conquêtes, leur plus gros problème était finalement de ne pas savoir où ils se situaient, perdus en pleine mer. La difficulté était d’ailleurs bien plus grande pour se situer est-ouest, que nord-sud. Leur seul moyen de se repérer était de se fier aux étoiles. Pour remédier à ce problème phénoménal, le roi Charles II a ordonné l’ordre à un astronome royal de faire des recherches approfondies. S’en est alors suivi la construction d’un grand observatoire à Greenwich, à Londres, en 1675.

Le costume du Capitain Cook (1728-1779), premier européen à débarquer sur la côte est de l’Australie.
Au fur et à mesure des recherches, on définit la Terre par de multiples méridiens, un méridien tous les degrés pour être exacte, donc 360 degrés, et grâce à la position du soleil et des astres la nuit, les navigateurs et explorateurs réussirent à se mettre d’accord et à communiquer sur leur localisation sur terre. Greenwich devint alors le point 0 des méridiens, et les britanniques prirent cette décision comme une habitude. Seulement le monde n’était pas réglé du tout de la même façon, chacun voyant midi à sa porte. C’est en 1884 lors de la conférence internationale du méridien de Washington le que le monde se mit d’accord pour avoir comme point 0, Greenwich !
Quant à nous, c’est dans ce musée que nous avons pu prendre conscience que la mesure du temps n’est pas si ancienne. Il y a un peu moins de deux cent ans existait encore le métier de « vendeuse de temps » comme nous l’avons appelé. Une femme se calait chaque semaine à la Time Ball de Greenwich avec son chronomètre, et allait ensuite toute la semaine distribuer l’heure exacte à ses abonnés !
Et puis surtout, nous avons pu réfléchir à nouveau sur les fuseaux horaires, et surtout, la ligne de changement de date, qui nous fit passer une si longue journée du 30 janvier, lorsque nous passions de l’Australie au Chili ! Nous avions compté à l’époque que cette journée dura pour nous trente heures… Ce phénomène est un peu compliqué à comprendre, mais permit à Fileas Fog de gagner son pari, ne l’oublions pas, lors de son tour du monde en quatre-vingt jours ! Alors pourquoi ?
A l’opposé du méridien Greenwich, se trouve le méridien 180. Celui-ci définit le fuseau horaire +12 si on va vers l’est, et -12 si on va vers l’ouest. Donc lorsqu’il est 12 heures à Greenwich, il est 24h de l’autre côté, ou 0h si on est parti vers l’ouest. Entre ce 0h, et ce 24h, il y a la ligne de changement de date : celle qui nous fait changer de date dès qu’on la traverse : on enlève un jour quand on tourne vers l’est (comme nous), et on ajoute un jour quand on tourne vers l’ouest… Si on ne le fait pas, on a la bonne heure, mais pas la bonne date pour le reste de sa vie. Comme Fileas Fog lorsqu’il arriva à Londres, ou comme nos appareils photos et caméras non reliés à internet, qui nous indiquent depuis qu’on est arrivés au Chili que nos photos ont été prises demain.
Et pour savoir si vous avez bien compris, dans quel sens avait tourné Fileas Fog ?

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Quel article !
Certes! Une balade intéressante serait de suivre, en France , le méridien de Greenwich, en commençant à Villers sur mer(calvados )
Voilà de solides bases pour les futures découvertes…Hanacpachap cuicissin
Ah oui bien bonne idée !
Encore un article tellement riche,et la distributrice de l’heure exacte, quelle belle idée !
Bravissimo les Londoniennes ! La red boule, tres drôle. J’ai d’abord cru que c’etait Venus que l’on voit visant la balle .
Des Jordan ! Chanceuse.
Oui c’est marrant j’ai pensé à toi quand elle est revenue avec !
Comme dans « Do the right thing » de et avec Spike Lee où il se fait marcher sur les pieds et dit :
« En—é, mes Jordan ! »
C’est un cadeau de Nico, c’est sur….
Pas complètement : une contribution…