Rio la bohème

Cet article a été écrit à six mains. Les parties en italique sont écrites par Athéna et Indira.

Notre coup de foudre pour Rio ne s’arrête pas à ses vues cartes postales : corcovado, ipanema, pain de sucre que nous avons eu tant de plaisir à découvrir.
Il y a aussi le Rio Bohême qui nous a accueillis dès le premier jour. En haut de l’escalier Selaron entièrement revêtu de mosaïque rouge, la Casa da Gente nous ouvrait ses portes dans le quartier de Santa Teresa, plantant le décors : tableaux et statuettes art´recup, jardin terrasse avec vue sur le centro, petit dej´ bio de qualité. Et encore une fois, Santa Teresa nous rappela notre quartier (toute proportion gardée), avec sa lutte pour récupérer le tramway en réparation depuis deux ans, ses boutiques bohèmes d’artisans locaux, ses mélanges de population de petits pavillons d’artistes aux favelas non moins artistiques.
Nous avons d’ailleurs visité la favela Pereira Morrinho, accompagnées par Raphaël, guide brésilien francophone, expert en urbanisation et non moins expert en luttes sociales. Nous voulions compléter notre connaissance sur les quartiers pauvres, près de six mois après notre visite à Dharavi.
Les favelas connaissent un programme de pacification depuis une petite dizaine d’années, et il est donc maintenant possible pour nous d’en visiter, voire même d’habiter dans certaines d’entre elles.

Pendant la visite guidée, on a traversé les rues de la ville, dans la profondeur, elles étaient assez désertes et pas très chaleureuses. J’ai donc été poussée dans la pensée que c’était la Favela, même si ce n’était pas certain. Cependant une fois arrivées enfin dans le quartier pauvre, tout a beaucoup contrasté : la favela était bien plus propre et semblait toute neuve, malgré ses petites ruelles. Les maisons étaient toutes bétonnées, il y avait des caniveaux, des fenêtre neuves, des poteaux d’électricité et des petites épiceries, rien de plus normal. Or, on retrouvait quand même cette vieille ambiance de désertitude et de manque d’argent.

En avançant dans les ruelles on comprenait facilement que le quartier était installé sur la flanc d’une colline de Rio. De temps à autres on tombait sur de petits temples hauts comme une maison de poupée qui renfermaient plusieurs dieux et déesses de différentes religions et modelés à la main par un artisan du coin. C’est aussi en descendant que nous retrouvions légèrement l’atmosphère de Dharavi : l’odeur d’abandon de la nature nous montait au nez et les déchets trainaient par terre, sans non plus les montagnes de plastiques et de déchets de Dhravi. Les toits n’étaient plus en béton mais en tôles ondulées et certains murs étaient en tissus, comme si nous étions passés des quartiers riches aux quartiers pauvres de la Favela. Cependant au bas de la colline on trouvait plus d’artisanat, des murs étaient décorés par des fonds de bouteilles en plastique, peintes ou non. C’est tout en bas que nous sommes tombés sur le merveilleux projet de Morrinho.

Bien évidemment, nous ne nous imaginions pas avoir une si belle vue depuis les rues de cette favela, mais nous nous imaginions encore moins voir ce que nous avons vu : le projet Morrinho. Nous avons eu l’impression d’arriver au cœur de France miniature, mais version Rio. Rio miniature si vous préférez. Des dizaines de briques de toutes sortes tassées ingénieusement sur une petite colline de la favela. Avec des guirlandes qui servent de lampadaires miniatures, quand la nuit arrive. Guirlandes = coloré, mais les briques elles-mêmes étaient peintes en des milliers de couleurs, et donnaient un air chaleureux et festif. Rio miniature, avec des personnages en lego qui traversaient les rues de cette ville.

Au départ, ce projet n’était pas un projet, mais une simple occupation des enfants de la favela. Ils s’amusaient à créer de petites maisons pour les personnages en lego qu’ils avaient faits. Petit à petit, un quartier s’est créé, une ville. Avec le corcovado, les téléphériques, et le pain de sucre plus ou moins fidèles à la réalité. Evidemment, nous étions étonnées, émerveillées. Plusieurs touristes qui visitaient comme nous cette favela, sont tombés nez à nez avec cette merveille colorée. Et des journalistes, aussi. Eux se sont chargés de faire connaître cette création. Grace à ces journalistes talentueux, le projet a voyagé dans le monde, Paris, New York, Barcelone. Les enfants les plus investis ont eu le droit à un voyage de mérite, dans l’unique but de démontrer le projet à d’autres personnes dans le monde. Ils n’avaient que quelques jours pour refaire une seconde ville miniature dans la ville de la destination, car le projet Morrinho lui même ne voyage pas. Chaque exposition est donc unique, et augmente ainsi la richesse du projet Morrinho original !

 

7 commentaires sur “Rio la bohème

  1. Pourvu que nos merveilleuses découvertes de Rio ne soient pas suivies des mêmes catastrophes de Valparaiso …Photos et textes sont pleines de richesses.

  2. A Valparaiso l’incendie a épargné les quartiers historiques. En forêt de Fontainebleau, 5 hectares de pins détruits aux 3 Pignons. On y randonne demain .
    Rio rime avec rando comme couleur avec bonheur .

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