Cet article est un « racontar » d’Emilie, spéciale guest de la rédaction
Oui on a bien fait !
500 kilomètres sont parfois long à parcourir
En Indonésie, ça l’est encore plus.
Nous sommes partis à 9h30 du matin frais et vaillants et nous sommes arrivés à 4h30 du matin moins frais et encore moins vaillants.
Bon.
Il pleuvait quand nous sommes partis et il pleuvait encore quand nous sommes arrivés. 19h de route sous l’eau et les bouchons.
Bon.
Quand nous avons vu le 7 places à air conditionné si confortable, nous nous sommes dit que nous avions bien fait de louer une voiture.
Toutes les valises étaient bien installées et nous également. Même le camembert de Noël avait trouvé une place acceptable : accroché au rétroviseur passager dans plusieurs sacs plastiques locaux.
Oh mais oui, j’ai oublié de vous dire. J’ai préparé un petit Noël français pour la famille en vadrouille. Au programme : saucisson, chocolat, bordeaux et…. camembert !
Mais le truc avec le camembert c’est qu’il peut être odorant. Voire très. A Bogor j’ai tenté de le cacher dans le coffre fort de la chambre semi-luxe puis sur la fenêtre, puis dans l’eau. Le room service mettait des petits déodorants à chacun de leurs nombreux passage mais rien n’y faisait. L’odeur persistait.
Alors quand Aladin a commencé à incriminer certaine partie de son anatomie pour expliquer l’odeur, j’ai du avouer… Ma valise sentait le fromage!
Ensemble on est toujours plus malin et nous avons alors trouvé un frigidaire où déposer pour la nuit avant le départ, l’objet puant.
Ce matin afin d’éviter toute gène nous l’avons pendu dans un sac plastique au rétroviseur de la voiture. Et c’est ainsi que nous avons débuté le voyage.
On nous avait prévenu.
Normaly, it’s 12h but we can’t promise. Le ton était donné.
Au premier bouchon on ne s’est pas inquiété. Au second non plus. C’est quand il a fallu prendre un itinéraire bis et s’enfuir de l’autoroute qu’on s’est dit qu’on avait bien fait de prendre une voiture parce que dans un bus !
Et puis la route sous la pluie ça aide à la rêverie.
Les petits détails des jours précédent reviennent en bulles qui se disloquent lentement au grès des nid de poules.
On avance doucement mais on avance.
A ma gauche une plantation de thé puis une rizière.
Ma première toute première plantation de thé, ma toute première rizière.
Vite il faut faire un voeux !
Comme on a bien fait de prendre une voiture on voit du paysage !
A ma droite, Jérômine.
Comment fait-elle? Elle avale les kilomètres douloureux sans bouger. Elle n’a jamais faim. Elle n’a jamais soif. Si elle a besoin d’aller au toilette, elle attend qu’on s’arrête. Venus lui marche dessus et elle sourit doucement. Ses filles s’agitent elle grogne à peine. Rien ne semble l’énerver.
Comment fait-elle ? Est-elle une réincarnation de Boudha ? Pourquoi rien ne l’ébranle ? ça fera bientôt 30 ans que je me pose la question, que je l’observe, que je tente d’apprendre. ça ne vient pas. Aucun calme en moi face à mes besoins physiques. La faim m’énerve, le manque de sommeil m’effraie et je vais au toilette toutes les deux heures. Putain déjà 12h de voyage !
Merci à la playlist d’Aladin de m’aider dans cette épreuve. Avec une reconnaissance toute particulière pour Tower of Power et Sly Stone. Oh grande joie qu’ils m’accompagnent de Trafic Jam en Mosquée et de Rizière en échoppes colorées.
On a bien fait de prendre une voiture !
Quel monde sur cette route ! Jamais une pause, jamais un espace de simple campagne. Des bouchons, des 2 roues, des camions à l’infini et sur le bord les échoppes se succèdent sans discontinuer : restaurant, salon de coiffure, épicerie en tout genre, garagistes, restaurant, tailleur et ainsi de suite.
Je connais déjà cette route. Je l’ai rencontrée entre Abidjan et Abobo, Dakar et Saint Louis, Marrakech et Ouarzazate. Quelle que soit la couleur de la terre, quelle que soit l’épaisseur de la végétation, sur cette route qui relie les hommes, ils se croisent, s’alimentent et s’habillent.
Il est 20h. On s’arrête pour manger.
Yogjakarta nous attend dans 200 kilomètres de nuit noire.
On continue, on avance, on a plus le choix.
Et puis d’un coup.
Comme ça le chauffeur annonce vers minuit 30 : We are almost arrive
Le soulagement est palpable dans l’habitacle qui même privé de camembert commence pourtant à répandre une odeur de fermentation.
Oh comme on a bien fait de prendre une voiture!
Mais c’est alors que c’est arrivé !
Forcément avec toute cette eau venue du ciel il fallait bien qu’on finisse par tomber dessus. J’avais déjà connu ça en Afrique à la saison des pluies mais je pensais bêtement qu’ici on y échapperait et bien non !
A Minuit 30 et à moins de 20kilomètres de Yogja, un lac s’étend au milieu de la route.
Un vrai lac rempli d’automobiles en perdition et de cirés colorés tentant de récupérer des bagages survivants.
C’est dans ces moments de petites solitudes que la vie nous offre des propositions de réconciliation avec elle. Dans notre cas, cette proposition vint d’un habitant du coin qui nous guida avec sa Yamaha sur le fameux itinéraire bis. Le bienveillant bison futé indonésien nous fit profiter des petites routes de rizières inondées de grenouilles chantant et de groupe d’hommes faisant la manche sous des capes de pluies au milieu de la nuit pour …….. l’entretien des routes.
Ah bon !!!!
On a bien fait de prendre une voiture avec chauffeur !
Au bout du bis, le conducteur de la Yamaha nous remit sur le droit chemin.
Par la fenêtre nous lui avons tendu un billet.
Est-ce le geste ou l’odeur du camembert qui le fit reculer ? Nous ne saurons jamais.
Nous lui dîmes : Terimakaci ! (merci)
Il ne dit pas : Sama sama ( de rien)
Pourquoi ? Nous ne le saurons jamais non plus
Mais nous le remercions du fond du cœur.
A 4h30 notre hôtel était en pleine préparation du petit déjeuner et nous avons regagné nos chambres avec beaucoup d’enthousiasme.
Je m’inquièterai demain matin de savoir ou est passé l’odorant Typicaly French Cheese !














Quel récit!
On s’y croirait!
J’espère que le camembert fut délicieux!
Bizoux
Alice
Peut être n’aurions nous pas dû attendre Noël pour manger le camembert 😉 !
Super récit ! mais les photos, les photos !
Ah la la, compliqué les photos aujourd’hui !
Bon je m’y recolle …
Voilà, c’est réparé !!
cool !
Super, des photos qui collent bien au récit ! Merci.
on a eu l’odeur mais où sont passés les bruits
Je crois que j’aurais plutôt choisi du comté…
Belles photo et beau récit !
Merci Emilie.